Elle tourne en rond. Elle tourne en rond sans ralentir, sans parvenir à s'arrêter. Elle ne peut pas. Non. Elle ne peut pas. Elle observe sa montre et ne peut s'empêcher de serrer des dents. Où est-ce qu'il est, bordel ?! Son esprit s'embrume et elle commence à penser au pire. Non pas qu'elle soit défaitiste, mais réaliste, oui. Le couvre feu est dépassé et s'il n'est pas là, c'est qu'il peut être n'importe où, notamment dehors. Elle le suspecte, depuis quelques temps déjà, de faire des excursions à l'extérieur, en dehors de celles autorisées, bien entendu. Pour l'instant, malgré sa grande langue, elle ne lui en a rien dit.. Mais elle commence à s'inquiéter sérieusement. Comment peut-il risquer sa place, leur place, au sein de Jericho ? Ils sont enfin arrivés dans un camp sûr, avec des murs qui les protègent.. Elle ne comprend pas pourquoi il risquerait ça.
Le pire étant que s'il se faisait expulser du camp, elle serait déchirée entre ses enfants qu'elle ne pourrait pas mettre en danger, et Weston qui serait alors seul à l'extérieur.. Ce qu'elle ne pourrait laisser faire sans aucune intervention de sa part. Elle sait -ils savent- que les règles du camp sont dures, et sans appel.. Mais il ne semble pas tenir compte de cette variable, comme s'il n'en avait plus rien à faire. Comme si la perte de sa famille pouvait aussi signifier sa propre perte. Mais elle n'était pas prête, Jenna, à le laisser partir. Elle ne pouvait plus. Ces mois qu'ils avaient traversé ensemble.. Elle ne pouvait plus se foutre de sa vie, de son existence ou des risques qu'il prenait.
Soudain, elle entend la poignée de la porte qui commence à bouger, et elle fixe le battant, sans savoir qui se trouvera derrière. Sans savoir si elle aurait à mentir pour couvrir l'escapade de Weston, où qu'il soit. Sans savoir si c'était enfin lui qui rentrait.. Et finalement, elle est soulagée de découvrir son visage derrière cette porte qui, durant quelques instants, était devenu l'élément le plus anxiogène de la pièce. « Weston ! » La pression quitte soudain sa poitrine et elle peut à nouveau respirer. « Bordel, mais t'étais où ?! » Elle le prend dans ses bras, qu'il le veuille ou non. Elle a de la poigne la brune. En se reculant d'un pas, elle surenchérit. « Ca fait presqu'une heure que le couvre feu a commencé, comment t'as fait pour arriver jusqu'ici sans te faire prendre ? » Elle ne peut détacher son regard de celui de cet homme qu'elle suivrait jusqu'au bout du monde s'il le lui demandait. Il a intérêt à avoir une bonne excuse..
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