(001), l'enfance est libre, heureuse et pleine d'espoir. Fruit d'un mariage aimant, elle est la gamine du bonheur. Ambitieuse enfant, douce et généreuse avec les siens. Un don du ciel.  (002), la rencontre avec l'époux du futur est idyllique. Il lui apparaît comme un ange, un cadeau du Tout-Puissant pour ces années écoulées sans péchés. Fervente croyante tombée dans les filets du diable. (003), leur mariage lui semble béni par le seigneur, jusqu'à ce qu'une ombre apparaisse. Grossesse maladroite, ils sont sur le point de devenir parents. Un parfait dessein jusqu'à ce qu'un parfum putride s'immisce. Celui de la mort, car le nouveau-né est inanimé. Tué par cette mère alors qu'elle le portait dans son ventre. La pauvre se voit alors maudite, trahie par celui en qui elle avait cru tant d'années. C'est le début de la déchéance. (004), D'aucun soutien, l'époux est fuyant. Un lâche effrayé, ravagé par la perte de son enfant. C'est la fin de leur mariage, alors qu'il invite d'autres conquêtes dans le lit. Mari mal-aimant, menteur et manipulateur, il trompe l'épouse et souille leur mariage. Brise les promesses prononcées quelques années plus tôt. Pour autant, nul divorce à l'horizon, car l'époux garde soigneusement sa précieuse femme au creux de la main. La douce n'est pas dupe, mais subit les punitions infligées par son époux. Culpabilité oblige. (005), Un voyage d'affaire, qu'il prétend, alors qu'il quitte une énième fois le foyer. C'est alors que l'épidémie arrive jusqu'à eux ; l'époux rentre au bercail et retrouve sa femme qui l'attendait sagement. Elle songe à une énième punition de Dieu, alors qu'elle remarque enfin les démons qui habitent son époux. Lui qui semble si épanoui à travers la fin du monde, elle trouve encore la force pour le remercier de la prendre sous son aile. Salazar la protège, la traîne derrière lui à travers les paysages. Et elle, pauvre femme épris, ne se rend pas compte à quel point la chair commence à peser lourd sur les épaules du mari. (006), Seagrave, 2019. Le couple rejoint le camp et la douce envisage quelques instants de retrouver une vie normale. Grossière erreur, car le refuge est attaqué. Prise au piège avec le mari maudit, elle se voit mourir à ses côtés. Duperie tandis qu'une balle est logée dans ses côtes par un agresseur. Revenants aux portes, elle s'imagine sauvée par son mari qui demeure à ses côtés. Faux. Car Salazar prend la fuite, laissant la pauvre femme derrière lui, agonisante sur le sol de ce qui avait été, un court instant, leur ultime maison. L'épouse est abandonnée. Oubliée. Il la laisse derrière lui sans un regret, sans un regard. (007), La femme est sauvée par un compagnon, un survivant qui demeurait à Seagrave. De justesse. Un signe de Dieu ? Non, car elle ne croit plus en Dieu, mais seulement aux démons, aux monstres et au Diable qui habite son époux. Elle perd espoir, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle n'est plus qu'une femme traînée dans la poussière à de trop nombreuses reprises. Qu'une âme perdue, brisée, détruite. Et ô combien vengeresse. La douce et belle femme n'est plus : le cœur devient aussi froid que la glace. (008), De ville en ville, de ruines en ruines, elle parcourt les horizons à la recherche de l'époux. Espérant secrètement que le trépas l'a emporté, car c'est tout ce qu'il méritait. Solitaire, sa confiance n'est accordée à personne désormais. Elle n'est plus qu'une ombre, une faucheuse qui, jamais plus, ne se laissera dupée.